Qu’est-ce qu’un auxiliaire au jardin ?
Les auxiliaires sont des organismes vivants qui contribuent naturellement à l’équilibre de l’écosystème jardin. Véritables alliés du jardinier, ils participent à la régulation des ravageurs, à la pollinisation des plantes et à la fertilisation du sol. Favoriser leur présence permet de réduire considérablement l’utilisation de produits phytosanitaires et d’améliorer la santé générale de votre jardin.
Les insectes auxiliaires : une armée invisible à votre service
Les insectes représentent la majorité des auxiliaires au jardin. On peut les classer en plusieurs catégories selon leur rôle :
Les prédateurs
Ces insectes se nourrissent directement des ravageurs, contribuant ainsi à maintenir leurs populations à un niveau acceptable :
- Coccinelles : Adultes et larves dévorent jusqu’à 150 pucerons par jour. Les coccinelles à 7 points sont les plus courantes, mais il existe de nombreuses espèces tout aussi efficaces.
- Chrysopes : Leurs larves, surnommées « lions des pucerons », sont de redoutables prédateurs qui s’attaquent aux pucerons, cochenilles, aleurodes et acariens.
- Syrphes : Ressemblant à des petites guêpes, ces mouches inoffensives sont d’excellents pollinisateurs à l’état adulte, tandis que leurs larves se nourrissent de pucerons.
- Carabes : Ces coléoptères nocturnes chassent limaces, escargots, pucerons et larves d’insectes nuisibles au niveau du sol.
- Forficules (perce-oreilles) : Malgré leur mauvaise réputation, ils sont très utiles car ils consomment pucerons, psylles et autres petits insectes ravageurs.
Les parasitoïdes
Ces insectes déposent leurs œufs dans ou sur un hôte (généralement un ravageur), ce qui entraînera sa mort :
- Micro-guêpes : Comme les trichogrammes qui pondent dans les œufs de papillons ravageurs ou les aphidius qui parasitent les pucerons.
- Tachinaires : Ces mouches pondent sur des chenilles ou des larves de coléoptères, les larves de tachinaires dévorant ensuite leur hôte de l’intérieur.
- Braconides : Ces petites guêpes parasitent de nombreux ravageurs comme les pucerons, les chenilles ou les coléoptères.
Les pollinisateurs
Indispensables à la reproduction de nombreuses plantes, ils assurent la fécondation des fleurs :
- Abeilles : Domestiques ou sauvages (plus de 1000 espèces en France), elles sont les pollinisatrices les plus efficaces.
- Bourdons : Actifs même par temps frais et pluvieux, ils sont particulièrement efficaces pour polliniser les tomates, aubergines et autres solanacées.
- Papillons : Avec leur longue trompe, ils atteignent le nectar des fleurs à corolle profonde.
- Syrphes et bombyles : Ces diptères contribuent également à la pollinisation de nombreuses plantes.
Les décomposeurs du sol
Ces organismes transforment la matière organique en humus, améliorant ainsi la structure et la fertilité du sol :
- Collemboles : Minuscules insectes sauteurs qui fragmentent la matière organique.
- Cloportes : Ces crustacés terrestres décomposent les feuilles mortes et le bois pourri.
- Nématodes bénéfiques : Ces vers microscopiques peuvent parasiter des insectes nuisibles comme les larves de hannetons ou les otiorhynques, mais certaines espèces contribuent aussi à la décomposition de la matière organique.
Les auxiliaires vertébrés : gardiens visibles du jardin
Plus grands que les insectes, ces animaux jouent un rôle crucial dans l’équilibre de l’écosystème jardin :
Les mammifères
- Hérisson : Grand consommateur de limaces, escargots, vers et insectes, c’est un allié précieux pour le jardinier. Un seul hérisson peut dévorer jusqu’à 70 limaces en une nuit.
- Chauve-souris : Prédateur nocturne redoutable, elle peut capturer jusqu’à 3000 moustiques par nuit et s’attaque également aux papillons nocturnes dont les chenilles sont ravageuses.
- Musaraigne : Ce petit mammifère insectivore consomme son propre poids en insectes et larves chaque jour.
Les reptiles et amphibiens
- Orvet : Souvent confondu avec un serpent, ce lézard sans pattes est un grand amateur de limaces et d’escargots.
- Lézard des murailles : Il se nourrit d’insectes divers et participe à la régulation des populations de ravageurs.
- Crapaud : Redoutable chasseur nocturne, il consomme limaces, chenilles et insectes divers.
- Grenouille : Elle capture mouches, moustiques et autres petits insectes volants.
Les oiseaux
- Mésanges : Grandes consommatrices de chenilles processionnaires, pucerons et autres insectes. Une famille de mésanges peut consommer jusqu’à 500 insectes par jour.
- Rouge-gorge : Il se nourrit d’insectes au sol et contribue à limiter les populations de ravageurs.
- Hirondelles et martinets : Ils capturent de nombreux insectes volants comme les moustiques.
- Pics : Ils délogent les larves d’insectes xylophages des arbres.
Les plantes compagnes : auxiliaires végétaux
Certaines plantes favorisent la présence des auxiliaires ou protègent directement vos cultures :
Plantes attractives pour auxiliaires
- Souci (Calendula officinalis) : Attire les syrphes et repousse les nématodes ravageurs. Ses racines sécrètent des substances qui assainissent le sol.
- Bleuet (Centaurea cyanus) : Attire de nombreux pollinisateurs et auxiliaires comme les chrysopes et syrphes.
- Ipomée (Ipomoea) : Ses fleurs en trompette attirent les pollinisateurs, notamment les papillons et les colibris dans les régions où ils sont présents.
- Capucine (Tropaeolum majus) : Plante piège qui attire les pucerons, détournant ainsi les ravageurs de vos cultures principales. Elle attire également des pollinisateurs.
- Cosmos (Cosmos bipinnatus) : Ses fleurs attirent syrphes, chrysopes et pollinisateurs. Sa floraison longue assure une présence continue d’auxiliaires.
- Phacélie (Phacelia tanacetifolia) : Véritable « plante à insectes », elle attire une multitude de pollinisateurs et d’auxiliaires grâce à sa riche production de nectar.
- Achillée millefeuille (Achillea millefolium) : Ses ombelles plates facilitent l’accès au nectar pour de nombreux auxiliaires à courte trompe comme les micro-guêpes parasitoïdes.
- Fenouil (Foeniculum vulgare) : Attire particulièrement les papillons et les parasitoïdes comme les ichneumons.
Plantes répulsives
- Œillet d’Inde (Tagetes patula) : Ses racines sécrètent des substances qui éliminent certains nématodes nuisibles du sol.
- Absinthe (Artemisia absinthium) : Son odeur repousse de nombreux insectes ravageurs.
- Rue officinale (Ruta graveolens) : Éloigne les pucerons, les mouches et les limaces.
- Lavande (Lavandula) : Repousse les fourmis et certains papillons dont les chenilles sont ravageuses.
Comment favoriser la présence des auxiliaires au jardin
Créer des habitats variés
Diversifiez les structures dans votre jardin pour offrir gîte et couvert à un maximum d’auxiliaires :
- Haie diversifiée : Mélangez arbustes à baies, à fleurs, persistants et caducs pour abriter une multitude d’auxiliaires.
- Prairie fleurie : Laissez une partie de votre pelouse évoluer en prairie naturelle, refuge pour de nombreux insectes.
- Tas de bois ou de pierres : Abris parfaits pour hérissons, orvets, carabes et autres auxiliaires.
- Mare : Même petite, elle attire batraciens, libellules et autres prédateurs d’insectes nuisibles.
- Hôtel à insectes : Structure qui offre différents types d’abris pour les insectes auxiliaires (tiges creuses pour osmies, interstices pour chrysopes, etc.).
Adapter vos pratiques de jardinage
Certaines pratiques favorisent naturellement la présence des auxiliaires :
- Zéro pesticide : Même les produits dits « naturels » peuvent être néfastes pour les auxiliaires.
- Paillage : Maintient l’humidité du sol et offre un abri aux carabes et staphylins.
- Compostage : Crée un écosystème riche en décomposeurs qui améliorent la structure du sol.
- Rotation des cultures : Limite les populations de ravageurs spécifiques et préserve la fertilité du sol.
- Associations de plantes : Créez des « guildes » où plantes compagnes et cultures se protègent mutuellement.
- Maintien de zones non cultivées : Ces « friches » sont des réservoirs de biodiversité où les auxiliaires peuvent se réfugier.
Le sol vivant : le premier écosystème à préserver
Un sol en bonne santé est la base d’un jardin équilibré. Il abrite une multitude d’organismes qui contribuent à sa fertilité et à la santé des plantes :
La faune du sol
- Vers de terre : Ingénieurs du sol, ils créent des galeries qui l’aèrent et améliorent sa structure. Leurs déjections (turricules) sont riches en nutriments assimilables par les plantes.
- Acariens détritivores : Fragmentent la matière organique et la rendent accessible aux décomposeurs plus petits.
- Collemboles : Accélèrent la décomposition de la matière organique et contrôlent certains champignons pathogènes.
- Nématodes bénéfiques : Certaines espèces s’attaquent aux ravageurs du sol comme les larves de hannetons.
- Bactéries : Transforment l’azote atmosphérique en forme assimilable par les plantes (azotobacter) ou décomposent la matière organique.
- Champignons mycorhiziens : S’associent aux racines des plantes pour former des mycorhizes, augmentant considérablement leur capacité à absorber eau et nutriments.
Comment favoriser la vie du sol
- Limiter le travail du sol : Le bêchage profond perturbe les écosystèmes souterrains. Préférez un aération superficielle.
- Apporter du compost : Il nourrit tous les organismes du sol et améliore sa structure.
- Pailler : Protège le sol des variations climatiques extrêmes et permet aux micro-organismes de prospérer.
- Engrais verts : Ces plantes cultivées temporairement protègent et enrichissent le sol.
- Éviter le tassement : Créez des chemins permanents pour ne pas compacter le sol des zones de culture.
Les synergies entre auxiliaires : un écosystème complet
Dans un jardin équilibré, les différents auxiliaires ne travaillent pas isolément mais forment un réseau complexe d’interactions :
- Les plantes à fleurs attirent les pollinisateurs qui assurent la reproduction des végétaux.
- Ces mêmes fleurs nourrissent les auxiliaires adultes (syrphes, chrysopes) dont les larves sont prédatrices.
- Les prédateurs généralistes (oiseaux, hérissons) régulent les populations d’insectes, y compris certains auxiliaires, maintenant ainsi un équilibre.
- Les décomposeurs transforment les résidus végétaux et animaux en humus, nourrissant les plantes qui recommencent le cycle.
Conclusion : vers un jardin en équilibre
Favoriser les auxiliaires au jardin n’est pas seulement une alternative aux pesticides, c’est une approche globale qui vise à restaurer les équilibres naturels. En diversifiant les habitats et les espèces végétales, en adaptant vos pratiques de jardinage et en apprenant à tolérer un certain niveau de présence de ravageurs, vous créerez progressivement un écosystème résilient où les problèmes se régulent naturellement.
Cette démarche demande plus d’observation et de patience qu’une approche conventionnelle basée sur des traitements, mais elle offre des résultats plus durables et un jardin plus vivant. Les auxiliaires ne sont pas de simples outils à notre service, mais des partenaires avec lesquels nous collaborons pour créer un environnement harmonieux et productif.
Alors, ouvrez grand les yeux et découvrez ces alliés souvent discrets qui œuvrent quotidiennement à l’équilibre de votre jardin !
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Graphiste et webdesigner pendant plus de 20 ans, Cécile passe un brevet professionnel d’exploitant agricole en maraîchjage Bio (bprea) en 2021.
Elle kiffe la complexité de la biologie du sol et jongle avec les EM, LIFOFER, le Basalte, les composts, Bokashi et autres thés et purins pour créer des sols pleins d’Humus et de fertilité.