La permaculture ne se limite pas à une approche alternative du jardinage. Elle constitue une manière d’envisager nos interactions avec l’environnement, avec pour ambition de concevoir des systèmes respectueux des équilibres naturels. Pour celles et ceux qui souhaitent produire localement en prêtant attention à leur impact sur la nature, elle présente une voie qui s’adapte à divers contextes et échelles. L’objectif est de construire des écosystèmes capables de fonctionner avec un minimum d’interventions extérieures, tout en restant respectant à la fois le sol, les êtres vivants et les communautés qui en dépendent.
Les principes fondamentaux de la permaculture
La permaculture repose sur trois orientations centrales qui orientent les pratiques mises en œuvre :
- Respecter la terre : ceci passe par une attention à la conservation des sols, à la diversité biologique et à une gestion raisonnée des ressources présentes.
- Être attentif aux personnes : cela implique de créer des espaces propices au bien-vivre, tant sur le plan physique que social.
- Partager équitablement : il s’agit ici de favoriser une répartition juste des ressources, matérielles comme immatérielles, entre les membres d’un groupe ou d’une collectivité.
En complément, David Holmgren a formalisé 12 idées directrices pour orienter les démarches de conception permaculturelle :
- Prendre le temps d’observer et d’entrer en interaction avec le milieu
- Valoriser la captation et la sauvegarde de l’énergie
- Favoriser des productions accessibles
- Instaurer des mécanismes d’ajustement et être réceptif aux retours d’expérience
- S’appuyer sur les ressources renouvelables locales
- Limiter au maximum les déchets par réutilisation
- Démarrer par une vision d’ensemble pour affiner par la suite
- Mettre en relation les éléments du système pour favoriser les échanges
- Privilégier les démarches progressives à petite échelle
- Introduire la diversité comme levier de stabilité et d’abondance
- Exploiter les zones de transition (surtout les interfaces)
- Faire preuve de créativité dans l’adaptation au changement
Ces idées incitent à composer des systèmes dans lesquels les éléments interagissent de manière complémentaire. Le tout permet d’équilibrer efficacité, sobriété et adaptation locale.
Mise en pratique de la permaculture
La permaculture s’ajuste assez bien à divers environnements, aussi bien urbains que ruraux. Qu’il s’agisse d’un rebord de fenêtre ou d’un domaine plus imposant, l’approche permacole permet d’introduire des pratiques pensées pour favoriser les interactions entre l’humain et son environnement. Voici quelques pistes applicables dans un espace de culture :
Design permaculturel
Avant de planter, il est judicieux de comprendre les conditions naturelles qui influencent le terrain : ensoleillement, hydrologie, circulation de l’air ou relief. À partir de ces observations, on élabore une organisation qui cherche à tirer parti des forces naturelles. Il est pertinent d’implanter les éléments de manière à faciliter les échanges – par exemple, placer le compost près du potager ou une source d’eau au cœur du jardin.
Buttes de culture
Ce type d’aménagement consiste à créer des monticules composés de résidus organiques alternés avec de la terre. En plus d’offrir un bon drainage, cette forme permet de structurer un sol vivant, favorable à des microsystèmes végétaux diversifiés. Bien que cela demande un certain effort au départ, ces buttes sont souvent durables dans le temps, avec des besoins d’entretien relativement modérés selon les conditions locales.
Paillage et protection des sols en permaculture
Pour préserver les qualités du sol, il peut être pertinent de le garder couvert à tout moment de l’année. En utilisant des restes végétaux comme la paille, les feuilles, ou les copeaux de bois, on limite l’érosion et le recours à l’arrosage. En parallèle, la vie biologique du sol se développe, favorisant une fertilité continue.
Permaculture : compostage et gestion des déchets
Une attention portée à la valorisation des restes végétaux peut vite devenir un élément majeur du jardin. Installer un compost, même rudimentaire, contribue à réduire le volume de déchets et à produire une matière utile à la fertilisation. Les options sont variées : compost en tas, lombricompostage en intérieur ou dispositifs fermés adaptés à la ville.
Cultures associées en permaculture
Chaque plante a ses effets sur ses voisines. Certaines, en libérant des substances ou en attirant des auxiliaires, améliorent les conditions de croissance ou limitent la prolifération des parasites. Associer les bons végétaux ensemble, selon leurs cycles et besoins, favorise un équilibre plus spontané dans le jardin. Par exemple, allier carottes et oignons peut éviter certaines attaques ravageuses, ou cultiver des fleurs attire les pollinisateurs près des légumes.
Exemples pratiques de permacultures inspirantes
Ces démarches prennent des formes diverses selon les personnes, les lieux et leurs contraintes. Voici quelques scénarios où les principes de permaculture ont été mobilisés :
Le jardin-forêt urbain
Sur une parcelle modeste dans un cadre citadin, un jardinier a imaginé un agencement vertical où plusieurs strates végétales coexistent. En partant d’arbustes fruitiers jusqu’aux légumes vivaces, avec en dessous quelques couvre-sols comestibles, cet aménagement optimise la productivité par surface sans engendrer un fort entretien. Une citerne à eau de pluie alimente les plantations, et un bac à compost produit un amendement nutritif à partir des matières biodégradables issues du foyer.
La ferme permacole diversifiée
Sur un terrain anciennement peu productif, un projet agricole familial a vu le jour. En structurant le lieu avec différentes zones – vergers, haies alimentaires, potager – cette installation parvient à nourrir ses habitants et à générer un revenu sur de petites surfaces. L’intégration d’un bassin central rempli d’eau participe à réguler la température ambiante et favorise la biodiversité. Des solutions basées sur l’énergie solaire et éolienne couvrent une partie importante des besoins en électricité.
Le balcon végétalisé
Dans un appartement en ville, un petit espace extérieur a été transformé progressivement en zone de culture vivrière. L’utilisation de matériaux récupérés (palettes, contenants réemployés) et la mise en place d’un arrosage au goutte-à-goutte par gravité permettent un entretien simplifié. Parallèlement, une mini-zone de compostage accueille les épluchures pour obtenir un substrat enrichi, cohérent avec la logique permacole, même à petite échelle.
Conseils pour jardiniers débutants et expérimentés
Les principes de la permaculture sont abordables, quel que soit son niveau de départ. Voici quelques suggestions pour progresser, selon vos expériences précédentes :
La permaculture pour les jardiniers débutants
- Avancez étape par étape en démarrant sur une surface réduite, facilement gérable au quotidien.
- Prenez le temps de regarder comment réagit votre jardin au fil des saisons, avant de modifier des éléments.
- Misez sur la diversité pour tirer des leçons des tentatives réussies comme des échecs ponctuels.
- Faites connaissance avec votre sol par des méthodes simples : texture, humidité, vie présente en surface.
Pour les jardiniers expérimentés
- Ajoutez régulièrement de nouvelles espèces aux parcelles : vivaces comestibles, fleurs utiles ou variétés locales.
- Créez des zones modulables : serres, murs de pierre ou couloirs ombragés permettent d’introduire des micro-climats.
- Introduisez des espèces animales ayant un impact bénéfique : poules désherbeuses, canards chasseurs de limaces, etc.
- Transmettez ce que vous avez appris : organiser une visite ou un atelier peut stimuler de nouvelles vocations.
La permaculture vers un avenir plus engagé
Adopter une démarche permaculturelle ne se limite pas à gérer un jardin différemment. Cela implique une posture attentive face au monde vivant. Chaque action, même modeste, contribue à une approche collective orientée vers des relations plus équilibrées entre les personnes et leur environnement. Planter une haie, redonner vie à un sol, cultiver une tomate sur son balcon ou animer une discussion sur ces sujets sont des gestes qui façonnent, peu à peu, des milieux plus agréables à vivre. Prendre part à cette évolution repose souvent sur la volonté d’expérimenter, d’apprendre en marchant et de s’ajuster avec ce que le vivant peut enseigner.
Sources de l’article
- https://www.permaculturedesign.fr/principes-de-permaculture/
- https://permafforest.fr/blog/permaculture/12-principes-de-permaculture-david-holmgren/
- https://www.mdb-media.fr/agricole/permaculture/les-3-principes-de-la-permaculture/
- https://msh.org/wp-content/uploads/2013/07/mwl_french_final_pdf.pdf
Graphiste et webdesigner pendant plus de 20 ans, Cécile passe un brevet professionnel d’exploitant agricole en maraîchjage Bio (bprea) en 2021.
Elle kiffe la complexité de la biologie du sol et jongle avec les EM, LIFOFER, le Basalte, les composts, Bokashi et autres thés et purins pour créer des sols pleins d’Humus et de fertilité.